Bon, même si en
tant que fonctionnaire, je suis soumis à un devoir de réserve, j’ai
quand même envie de vous faire partager une journée ordinaire (ou
presque) de directeur d’accueil de loisirs périscolaire. Du coup, je raconte évidemment pas une journée à moi hein, mais celle d'un ami (comme ça je suis peinard).
8h00 : SMS dans mon lit. Une de mes animatrices est malade ce matin, du coup
il va falloir trouver une solution pour la remplacer. Problème, j’ai
déjà un agent en journée syndicale et je n’ai pas de ressource
disponible. La seule personne que je peut faire venir est la
directrice de l’accueil de loisirs des vacances. On est un peu en
froid car le poste que j’occupe lui a été refusé car elle n’a
que le BAFD, et même si elle interviens ponctuellement en
tant qu’animatrice, elle n’est pas très encline à me rendre des
services. Je décide donc de passer par ma secrétaire générale.
Evidemment, cela prend du temps car c’est source de tension.
9H00 : Arrivé au
bureau, je passe en cantine pour modifier mes effectifs et faire
passer les demandes de mon équipe d’animation afin d’améliorer
notre quotidien. Cela est toujours compliqué car l’équipe de
cantine ne comprend pas notre travail. On mange avec les enfants et
donc on ne fait rien. De plus, le cuisinier est le mari de la
directrice de l’accueil de loisirs cité plus haut.
10H00 : Je reçois un
mail de relance de la part de la CAF. Elle finance notre accueil de
loisirs. Malheureusement je n’ai jamais reçu les précédents
mail et je me retrouve donc en retard afin de déposer la déclaration
demandée. De plus je n’ai pas les identifiants internet nécessaire
à cette déclaration. La caf ne veut pas qu’on l’appelle, tout
doit passer par mail. J’attend donc une réponse.
11H30 : Je vais manger
avec les enfants. Afin de rejoindre l‘école il faut que j’ouvre
trois portes avec des clefs. De plus il pleut, les enfants sont surexcité. Ah ! Oui ! C’est jour de frite. Après le repas, je n’ai
pas trop de place à l’intérieur de l’école, ma salle de
périscolaire est occupée par les enfants qui font la sieste. Et dans
la salle de motricité que j’occupe habituellement, le parcours de
motricité a été laissé par l’équipe enseignante. Il faudra donc
l’enlever et le remettre en place.
13H30 : Je reviens à
mon bureau en mairie. Après ces 2 heures passer dans le bruit, j’ai
légèrement mal à la tête. Mais bon, pas de temps à perdre, j’ai
eu une réponse de la CAF, je dois donc m’y mettre.
14H00 : Le logiciel
qui me sert à faire ma déclaration CAF a été mal paramétré,
je suis donc obligé de faire tous les calculs à la main. Youpi,
j’avais peur de m’ennuyer. Par contre ça deviens impossible de
finir dans la journée. Bon je remet ça à lundi, j’ai un autre
dossier urgent, concernant une demande d’augmentation d’effectifs,
afin de pouvoir accueillir tout le monde en cantine.
15H15 : Je viens de
soulever un lièvre. En effet, il semblerai que la cantine ne soit en
capacité d’accueillir que la moitié des enfants qui y mangent déjà.
Le document concernant la commission de sécurité que je cherche
depuis mon arrivé en poste il y a deux ans vient d’être retrouvé
afin de pouvoir faire ma demande d’augmentation d’effectif. L’école est trop petite et on le sait depuis 2 ans. Mais depuis
deux ans, les élus ne prennent pas de décision concernant
l’agrandissement ou la construction d’un bâtiment. Ils sont
bloqué car leur seule promesse de campagne est de ne pas augmenter
les impôts tout en réduisant la dette de la commune. La question de l’école
est un problème insoluble avec cette promesse.
15H45 : Je viens de
passer trente minute a préparer le matériel en même temps que l’activité
du soir pour laquelle je ne suis pas formé car je dois remplacer mon animatrice absente. Grande bouffé d’oxygène avant d'y aller, je suis énervé et fatigué, mais les enfants n'y sont pour rien, et je me dois d'être souriant avec eux.
18H30 : Fin de
journée, je suis épuisé, je viens de faire un journée de presque
10H00 sans pause. De plus je sens que je vais mal dormir, car demain
il me manque encore du personnel et je ne sais pas comment je vais
faire. J’ai des agent qui arrivent en fin de contrat dans
moins de deux mois, je ne sais pas si ils vont être remplacés. On me
demande de chiffrer mon besoin, il faut donc que je fournisse des
statistique de présence d’enfant par quart d’heure avant demain
afin de pouvoir avoir une embauche.
Heureusement, pour
ce travail sans stress et sans pression, je gagne quand même 95€ de plus que le SMIC. Je n’ai eu que peu d’ancienneté reprise au moment
de ma nomination et je suis au même régime que mon équipe
d’animation.
Je ne pense pas être
le seul à vivre ce genre de situation, mais la reforme et le
contexte économique ont rendu le travail difficile. Quand demain je
me lèverai, je me concentrerai sur le fait que les enfants n’y
sont pour rien, et que c’est pour eux que je vais essayer de donner
le meilleur de moi même. Enfin, mon pote je veux dire, c'est lui qui a écrit bien sur.
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