dimanche 26 février 2017

Kamel - Mes plus beaux salaires - Episode 2


On continue ma série de souvenirs de séjours, avec cette fois un come-back de prêt de dix ans. A l'époque j'étais jeune, beau et innocent et surtout je ne pensai pas faire carrière dans ce métier.

C'était ma première colo. J'avais un peu d'expérience dans l'animation. J'avais déjà travaillé une année complète dans une école et j'avais eu l'occasion d'animer en centre de loisirs. C'était aussi ma première expérience avec des adolescents. Ma directrice de colo était formatrice lors de mon BAFA base, et je travaillais avec elle déjà assez régulièrement car je faisait un service civique dans la même structure à l'époque. De plus elle avait embauché deux autres personnes que l'on connaissait, et on était avant tout une belle bande de copains.

Elle m'avait proposé le séjour sans réfléchir, car elle me faisait confiance. Je ne sais pas si sans elle j'aurai osé partir. Faut remettre les choses dans le contexte, je n'étais pas habitué à la vie en collectivité. J'étais plutôt sauvage et j'avais du mal à rester longtemps avec les gens. C'est d'ailleurs ce que l'animation m'a le plus apporter ; apprendre à vivre dans un collectif et me montrer plus ouvert et moins sauvage. Kamel ne devait pas être en colo lui non plus.

Dans le minibus, le premier jour, il est triste, il ne dit pas un mot. Il passe la journée de convoyage à bouder et ne veut parler à personne. Arrivé le soir il finit par nous dire ce qui lui arrive. Il vit en foyer, et ces éducateurs lui avaient dit qu'il verrai sa mère pendant les vacances. Mais ils l'ont emmené directement dans le minibus de la colo, et c'est en voyant celui-ci qu'il a compris qu'on lui avait menti. Il nous dit que de toute façon il va fuguer, que quoi qu'il arrive il va finir par voir sa mère.

Forcement, les éducateurs sont en vacances et difficiles à joindre, et on se sent un peu démuni en équipe. Les jours passent, il rate régulièrement ses tentatives de fugue car il n'a pas le sens de l'orientation. Assez paradoxalement, il est très bien intégré au niveau de sa chambre. Après trois jours, on arrive à joindre les éducateurs, et il a sa maman au téléphone. Mais il veut toujours fuir. On en a marre et au cinquième jours on décide de changer de discours. "Tu veux partir, ben vas-y, on appellera la gendarmerie et c'est eux qui iront te chercher, pas nous".

Le soir on discute souvent avec lui, on essaie de lui faire plaisir. Notre nouveau discours fonctionne, il n'essaie plus de partir. Nous avons un dernier accident, à cause d'une histoire de cœur, il pète un plomb et veut frapper un autre jeune. On est resté trois heures d'affilé sur lui à le tenir avec deux autres jeunes. Il se calmera une fois le samu présent. 

Je me souviens de son visage le dernier jour à la patinoire. La première fois sur des patins, un grand sourire et ses yeux pétillants. Ce jour là il se foulera le poignet, car il a voulu trop en faire. Il nous demandera pardon et puis nous dira merci. 

On a jamais baissé les bras, et on a toujours essayer de lui faire passer de bonnes vacances, de s'adapter à lui. On aurai pu l'exclure après la première tentative de fugue, ça aurai été plus simple. Mais je suis heureux d'avoir put permettre à un jeune en difficulté d'être en vacances.


1 commentaire:

  1. Que de souvenirs et plutôt bon d'ailleurs, ce genre de situation en séjour...

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